La rénovation globale est un projet ambitieux mais très efficace, en particulier quand il s’agit de passoire thermique. Ces logements énergivores requièrent une attention toute particulière si leurs propriétaires désirent faire des économies. On vous explique comment reconnaître une passoire thermique et comment la rénover !
En résumé :
- Une passoire thermique est un logement très énergivore et, de fait, très pollueur. Ces habitants sont contraints de payer des factures énergétiques très élevées pour conserver un minimum de confort thermique.
- Selon une étude de l’ONRE, on dénombre en France pas moins de 5,2 millions de passoires thermiques en 2022.
- Un DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) classé F ou G, une chaleur étouffante en été et des difficultés à se chauffer en hiver sont les signes avant-coureurs que votre logement est une passoire thermique.
- Pour y remédier, une seule solution : des travaux de rénovation énergétique !
- De nombreuses aides existent afin de vous aider à financer ce type de projet, telles que MaPrimeRénov’, les primes CEE, les aides des collectivités locales, l’exonération de taxe foncière, le prêt avance rénovation, l’éco-PTZ et la TVA à taux réduit.
Une passoire thermique : qu’est-ce que c’est ?
En 2022, une étude de l’ONRE (Observatoire National de la Rénovation Énergétique) révélait que le nombre de passoires thermiques s’élevait à 5,2 millions sur 30 millions de résidences principales.
Qu’est-ce qu’une passoire thermique et pourquoi ce chiffre est-il si alarmant ? Réponse ci-dessous.
En quoi consiste concrètement une passoire thermique ?
Une passoire thermique, qu’on appelle aussi “passoire énergétique”, est un logement dont la consommation d’énergie est excessive. Cela est généralement dû à une très mauvaise isolation thermique ainsi qu’à un système de chauffage obsolète. Le logement consomme énormément mais les performances ne sont pas au rendez-vous.
La plupart des passoires thermiques sont des bâtiments datant d’avant 1975. À l’époque, il y avait peu, voire pas du tout, de réglementations encadrant le secteur du bâtiment et pouvant garantir l’efficacité énergétique des constructions. De fait, ces maisons et appartements sont incapables de conserver la chaleur (ou la fraîcheur) de leur intérieur, compromettant ainsi le confort thermique de leurs occupants.
Ce n’est pas tout, en plus d’un confort thermique dégradé, les habitants de passoires thermiques doivent s’acquitter de factures énergétiques exorbitantes, conséquences de la surconsommation d’énergie de leur logement.
Comment reconnaître une passoire thermique ?
Le premier indice qui doit vous mettre la puce à l’oreille, c’est le DPE du bien immobilier. Pour rappel, un DPE, ou diagnostic de performance énergétique, est un bilan énergétique permettant de connaître la consommation d’énergie d’un logement ainsi que la quantité de gaz à effet de serre (GES) qu’il rejette chaque année.
À partir de ces informations, un diagnostiqueur immobilier calcule la classe énergétique (allant de A à G) d’un logement, c’est son DPE. Les classes énergétiques se répartissent en 7. Un DPE A correspond à ce qui se fait de mieux en matière de logement performant et écologique (comme les maisons BBC ou bâtiments basse consommation). À l’inverse, un DPE G est attribué aux logements les plus énergivores et pollueurs (idem pour le DPE F).
En somme, si le DPE d’un appartement ou d’une maison est classé G ou F, cela signifie qu’il s’agit d’une passoire thermique !
Si vos doutes se portent sur votre propre habitation et que vous n’en connaissez pas le diagnostic de performance énergétique, il y a d’autres signes avant-coureurs qu’il ne faut pas ignorer.
Une chaleur intérieure étouffante en été malgré tous vos efforts, un logement qui refuse obstinément de rester chaud en hiver, des factures d’énergie démesurées comparées à la taille de votre habitation ou à vos habitudes de consommations. Voilà certains signes qui ne trompent pas.
Ajoutez à cela la date de construction de votre bien immobilier ainsi que l’âge des appareils dont il est équipé et vous aurez votre réponse.
N’hésitez pas à faire appel à un professionnel !
Même si certains signes ne mentent pas, il est toujours plus judicieux de faire appel à un professionnel. Un diagnostiqueur immobilier, un auditeur énergétique ou même un Accompagnateur Rénov’ seront en mesure de déduire avec certitude si votre logement est une passoire thermique et si des travaux sont nécessaires.
Quel enjeu représente les passoires thermiques ?
En raison de leur nature énergivore, les passoires thermiques représentent non seulement un enjeu social, mais également environnemental.
En 2023, l’ONPE (Observatoire National de la Précarité Énergétique) révélait ses chiffres clés. Parmi ces derniers, on apprend que 79 % des Français déclarent avoir restreint le chauffage chez eux afin d’éviter des factures d’énergie trop élevées.
De même, l’ONPE révèle que 26 % des Français admettent avoir souffert du froid au cours de l’hiver 2022-2023 pendant au moins 24h d’affilée et que 55 % ont souffert de l’excès de chaleur chez eux en été.
Les passoires thermiques sont une réalité pour de nombreux ménages qui se retrouvent obligés de vivre en situation de précarité énergétique. Ces foyers ont peu d’options et doivent accepter un confort thermique dégradé ou se contraindre à dépenser davantage en facture d’énergie.
Ce n’est pas tout, en raison de leur consommation énergétique excessive, les passoires thermiques sont également un cauchemar pour l’environnement. Leur mauvaise isolation et la précarité de leurs équipements en font des habitations qui rejettent énormément de gaz à effet de serre chaque année. Pour réussir sa transition énergétique, la France doit donc chercher à diminuer le nombre de passoires thermiques !
Quelles sont les réglementations dont les passoires thermiques font l’objet ?
Afin d’encourager les propriétaires de passoire thermique à rénover leur bien, le Gouvernement a mis en place de nombreuses réglementations ainsi que des dispositifs encadrant aussi bien les transactions immobilières que la rénovation énergétique.
Au sujet de la vente d’une passoire thermique
Si vous êtes propriétaire d’une passoire thermique et que vous souhaitez la mettre en vente, il vous faudra respecter certaines règles. En effet, depuis le 1ᵉʳ avril 2023, si votre logement est classé F ou G au DPE (donc une passoire énergétique), vous êtes dans l’obligation de réaliser un audit énergétique pour le mettre en vente.
Pour info :
Sachez qu’il s’agit d’une obligation progressive qui s’étendra aux logements classés E en 2025 ainsi qu’aux logements classés D en 2034.
Cette règlementation a été pensée afin d’inciter les potentiels acquéreurs à investir dans des logements nécessitant des travaux de rénovation énergétique. La raison ? L’audit énergétique est, tout comme le DPE, un bilan thermique d’une habitation. Toutefois, en comparaison, l’audit énergétique est bien plus complet que le DPE.
Grâce à lui, les propriétaires obtiennent non seulement un compte rendu exhaustif des performances de leur bien immobilier, mais également une liste de travaux (par ordre de priorité) à réaliser pour en améliorer l’efficacité énergétique.
Ce n’est pas tout, depuis sa réforme en 2024, l’audit énergétique s’accompagne dorénavant d’au moins 2 scénarios de rénovation qui doivent permettre un gain minimum de 2 classes énergétiques.
Une aubaine pour les futurs acquéreurs qui auront littéralement toutes les clés en main pour faire de leur nouvelle acquisition un logement performant, écologique et confortable.
En ce qui concerne la location d’une passoire thermique
La location des passoires thermiques est aussi strictement encadrée. Dans le but d’accélérer la transition énergétique et d’encourager la lutte contre la précarité énergétique en France, la Gouvernement a décidé de mettre en place un calendrier d’interdiction à la location.
Ce calendrier se compose d’échéances à partir desquelles les propriétaires des habitations les plus énergivores du marché ne seront plus autorisés à les proposer à la location. À ce jour, les bâtiments classés G+ (consommation énergétique supérieure à 450 kWh/m²/an) sont d’ores et déjà interdits à la location (depuis le 1ᵉʳ janvier 2023). Les prochaines dates clés sont les suivantes :
- 1ᵉʳ janvier 2025 : les habitations classées G au DPE sont interdites à la location ;
- 1ᵉʳ janvier 2028 : les logements classés F sont interdits à la location ;
- 1ᵉʳ janvier 2034 : les maisons et appartements classés E au DPE sont à leur tour interdits à la location.
Le saviez-vous ?
Depuis l’été 2022, les loyers des passoires thermiques sont gelés ! Si votre maison ou appartement est classé F ou G au DPE, votre propriétaire ne peut pas en augmenter le loyer.
À propos des travaux de rénovation d’une passoire thermique
Dans le domaine de la rénovation énergétique, les passoires thermiques font là encore l’objet d’une attention particulière. Rassurez-vous toutefois, c’est cette fois-ci en votre faveur ! L’État a en effet mis en place bon nombre de dispositifs pour vous aider à rénover votre logement dans les meilleures conditions.
Le plus important de ces dispositifs est MaPrimeRénov’, une aide financière dont les subventions varient selon la nature des travaux que vous effectuez ainsi que votre revenu fiscal de référence. MaPrimeRénov’ a effectivement la particularité de diviser les ménages en 4 catégories, à savoir :
- bleu, pour les ménages aux revenus très modestes ;
- jaune, pour les ménages aux revenus modestes ;
- violet, pour les ménages aux revenus intermédiaires ;
- rose, pour les ménages aux revenus élevés.
Grâce à ce dispositif, vous pouvez faire financer jusqu’à 90 % du coût des travaux (dans le cas où vous appartenez à la catégorie bleu) !
Ce n’est pas tout, en 2024, MaPrimeRénov’ a fait peau neuve et s’est adaptée pour répondre aux besoins de rénovations énergétiques des ménages. Le dispositif propose à présent 2 parcours distincts :
- MaPrimeRénov’ (classique), pour les travaux dits “monogestes” destinés au changement de système de chauffage et/ou de production d’eau chaude sanitaire (ECS) pour des équipements décarbonés ;
- MaPrimeRénov’ Parcours accompagné, pensée pour les travaux d’ampleur (rénovation globale).
C’est ce second parcours qui sera particulièrement intéressant pour les propriétaires de passoires thermiques puisque celui-ci comporte au minimum 2 gestes d’isolation thermique ainsi que l’accompagnement obligatoire par un MAR (Mon Accompagnateur Rénov’). À l’issue de ce parcours, votre logement devra avoir gagné 2 à 4 classes énergétiques, parfait pour se sortir de la catégorie passoire thermique !
3 bonnes raisons de rénover une passoire thermique
Maintenant que vous en savez plus sur les passoires thermiques, laissez-nous vous donner 3 (excellentes) raisons de rénover votre logement énergivore !
1- Pour réduire son empreinte carbone
Comme expliqué plus haut, les passoires thermiques sont des habitations très gourmandes en énergie. Du fait de leur manque d’isolation et des appareils de chauffages obsolètes dont elles sont équipées, les passoires thermiques doivent consommer davantage de gaz et d’électricité pour offrir un minimum de confort à leurs occupants.
Cette surconsommation a toutefois un prix, d’une part financier puisque cette consommation excessive génère automatiquement des factures énergétiques très élevées, et d’autre part écologique, car surconsommation signifie surproduction de gaz à effet de serre.
En outre, si vous êtes soucieux de l’environnement et souhaitez réduire au maximum votre empreinte carbone, engager des travaux de rénovation énergétique pour votre passoire thermique est une excellente initiative pour le développement durable.
2- Pour réaliser des économies sur le plan énergétique et financier
Une passoire énergétique, ça coûte cher, aussi bien sur le plan économique qu’énergétique ! On observe effectivement dans ces logements un cercle vicieux :
- l’isolation y est mauvaise ;
- la chaleur ambiante s’échappe (on parle alors de déperdition thermique) ;
- la température chute ;
- les appareils de chauffage consomment davantage pour maintenir un minimum de confort thermique ;
- les factures augmentent ;
- le budget part dans les factures énergétiques au lieu de financer des travaux ;
- et on répète.
Pour s’en sortir, une seule solution : la rénovation énergétique. Même si l’investissement de départ peut être conséquent, vous vous apercevrez rapidement que le jeu en vaut la chandelle.
Si vous faites par exemple rénover la toiture de votre maison ancienne (qui peut être à l’origine de jusqu’à 30 % des déperditions thermiques selon l’ADEME), vous constaterez très rapidement une baisse de votre consommation énergétique.
Idem si vous faites remplacer votre ancienne chaudière au fioul par un appareil décarboné comme une pompe à chaleur. Sur le long terme, vous bénéficierez d’économies significatives, rentabilisant ainsi largement votre investissement.
3- Pour réaliser des travaux de rénovation financés par des aides de l’État
Si habiter une passoire thermique est désavantageux à bien des égards, il faut reconnaître qu’il existe davantage d’aides financières pour rénover ces biens immobiliers que pour rénover des logements moins énergivores.
Nous avons déjà mentionné MaPrimeRénov’, qui est le dispositif principal en matière de rénovation énergétique, mais c’est loin d’être le seul ! Voici la liste des autres aides financières mises en place pour vous aider à financer en partie votre projet de rénovation :
- les primes CEE (avec leur coup de pouce rénovation globale) ;
- le prêt avance rénovation (PAR) ;
- la TVA à taux réduit de 5,5 % ;
- l’éco prêt à taux zéro (éco-PTZ) ;
- le chèque énergie ;
- l’exonération de taxe foncière ;
- les aides des collectivités locales.
Compte tenu du prix au m² de la rénovation énergétique, ce n’est pas dans votre intérêt de passer à côté de ces aides. Si vous ne savez pas auxquelles vous pouvez prétendre, pas de panique !
Il existe des simulateurs d’aide en ligne, qui vous permettent en quelques clics de savoir à quelles aides vous êtes éligible et à quel montant vous pouvez vous attendre. Sachez toutefois que ces simulateurs ne font pas loi et que seules les organisations en charge de ces dispositifs sont en mesure de confirmer votre éligibilité aux dispositifs financiers.
Prenez aussi en compte que l’une des conditions sine qua non pour recevoir ces aides est l’intervention d’une entreprise certifiée RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) pour votre projet. Si vous faites appel à un artisan ou à une entreprise qui ne possède pas cette certification, les aides vous passeront sous le nez !
FAQ sur les passoires thermiques
Une passoire énergétique se définit par un manque d’isolation thermique et des équipements de chauffage obsolètes. Cela a pour conséquence de dégrader grandement le confort thermique des habitants. Ces derniers doivent en plus s’acquitter de factures énergétiques très élevées.
Si le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) de votre maison ou appartement est classé F ou G, si en été votre intérieur se transforme en fournaise et qu’à l’inverse en hiver, vous ne semblez pas pouvoir maintenir une température confortable, il y a de grandes chances que votre logement soit une passoire thermique !
À ce jour, seuls logements classés G+ au DPE (dont la consommation dépasse 450 kWh/m²/an) sont interdits à la location. Toutefois, il est prévu que les habitations classées G au DPE soient également interdites à la location à partir du 1ᵉʳ janvier 2025.
Il en sera de même pour les bâtiments classés F à partir du 1ᵉʳ janvier 2028, idem pour ceux classés E à compter du 1ᵉʳ janvier 2034.
